Du 16 au 21 octobre 2023, André Binggeli, Matthieu Cassin et moi-même nous sommes rendus à Istanbul pour poursuivre notre entreprise de catalogage des manuscrits du Patriarcat Œcuménique : ces manuscrits proviennent essentiellement de trois monastères situés sur l’île de Chalki (Heybeliada), dans la Mer de Marmara, et ont été rapatriés au Patriarcat dans les années 1930.

Après le catalogue des manuscrits provenant de la Panaghia  (Kouroupou, Géhin, 2008) et de la Sainte-Trinité (Binggeli, Cassin, Cronier, Kouroupou, 2019), nous préparons actuellement celui de l’École théologique. Alors que les collections de la Panaghia et de la Sainte-Trinité proviennent de monastères fondés (ou refondés) au 16^e siècle, celle de l’École théologique, fondée en 1841, a été constituée à une époque beaucoup plus récente : néanmoins, elle contient une part importante de manuscrits anciens. On notera que les livres imprimés, très nombreux, sont toujours conservés sur place.

Pour l’instant, cette collection n’est connue que par le catalogue publié par Aemilianos Tsakopoulos en 1968, qui décrit 85 manuscrits : très sommaire et comportant beaucoup d’informations imprécises ou inexactes, ce catalogue ne correspond plus aux critères actuels.

Lors de la mission d’octobre 2023, comme les fois précédentes, nous avons essentiellement effectué les analyses codicologiques, qui nécessitent l’examen direct des livres :

• inscription d’une foliotation, au crayon (en effet, la grande majorité des manuscrits ne sont pas foliotés ou ne le sont que très partiellement) ;

• étude de la matière (parchemin, papier oriental, papier italien…) et, dans le cas de papier italien, relevé des filigranes sur papier calque, grâce à une planche à lumière froide (qui permet de faire ressortir le motif sans abîmer le papier) ;

• analyse de la structure des cahiers, de manière à relever les éventuels déplacements ou pertes de feuillets ou de cahiers et à déterminer si le manuscrit est unitaire ou composé de plusieurs parties d’époques et d’origines différentes ;

• relevé des éléments tels que les signets, qui permettent de repérer l’endroit où le manuscrit doit être ouvert (dispositif utilisé surtout dans les livres liturgiques) ;

  

• analyse des éléments matériels des reliures ;

• frottis des plats des reliures décorées par estampages ;

• analyse des décors polychromes ;

• déchiffrement des écritures illisibles sur les microfilms, notamment les strates inférieures des palimpsestes, grâce à l’utilisation de la lampe de Wood ;

Pour le reste, et afin de manipuler le moins possible ces objets uniques et fragiles, nous effectuons les descriptions à partir des reproductions sur microfilms. En effet, comme ceux de la Panaghia et de la Sainte-Trinité, les manuscrits de l’École théologique ont été photographiés en 1962 par une équipe de Dumbarton Oaks, qui a donné à l’IRHT une copie des microfilms ainsi effectués : ils peuvent donc aujourd’hui être consultés dans les locaux des deux institutions. Un projet de nouvelle numérisation intégrale est actuellement en cours de négociations.

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